Analyse d'un tableau - la composition
Voici une brève étude de la composition du tableau intitulé Esse Quam Videri (terminé en août 2025).
Tableau dans son intégralité. (Cliquer sur l'image pour zoomer)
Esse quam videri (Être plutôt que paraître): acrylique sur toile (50 cm x 61 cm)
Construction générale et règles classiques de composition:
1 - Format et proportions:
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Le format 12 figure (50 cm × 61 cm) est proche du rectangle d’or, très harmonieux pour la peinture figurative.
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Cette proportion naturelle favorise une composition équilibrée entre verticales et horizontales.
2 - Structure globale:
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Le tableau adopte une composition frontale, typique du trompe-l’œil, où les éléments semblent posés sur une surface plane (panneau de bois, agrafes, punaises, papier).
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Cette frontalité évoque la table picturale du XVIIe siècle et le tableau de chevalet flamand (j'ai toujours été admiratif des peintres flamands), mais transposée ici dans un univers contemporain.
3 - Équilibre des masses:
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Le haut droit du tableau (avec les cartes postales, le porte-clé et la devise latine) contrebalance visuellement le bas gauche (photo et calendrier punaisés).
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L’équilibre est asymétrique : la droite est plus dense en symboles et détails, tandis que la gauche respire davantage, guidant ainsi l’œil vers les zones de sens.
4 - Respect des diagonales:
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Les éléments principaux (poster déchiré, photo, calendrier, cartes postales) suivent une diagonale descendante allant du coin supérieur droit vers le coin inférieur gauche.
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Cette diagonale structure la lecture du tableau, de la légèreté du masque suspendu vers la gravité du sol (le bas du poster qui se décolle légèrement).
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On pourrait également penser qu'elle introduit aussi un mouvement narratif : celui de la chute des illusions, du paraître vers l’être.
5 - Cohérence de la lumière:
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Une lumière douce et latérale éclaire les objets de manière cohérente, renforçant l’illusion du relief.
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L'ombre des papiers, agrafes et punaises crée un espace convaincant, accentuant la profondeur sans rompre la planéité du support. Le but étant toujours de convaincre le spectateur qu'il y a vraiment un relief.
Lignes directrices et circulation du regard:
1 - Point d’entrée visuel:
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Le regard du spectateur entre naturellement par le masque suspendu du porte-clé, en haut à droite.
Il attire immédiatement par son éclat métallique et sa position dominante, comme une “clé” d’interprétation du tableau.
2 - Cheminement du regard:
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De ce point, l’œil descend vers les cartes postales représentant Colombine et Pantalon : double regard, double jeu.
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La diagonale des cartes mène ensuite à la devise “Esse quam videri”, pivot sémantique de la composition.
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En poursuivant, le regard glisse vers le poster déchiré où la mise en abyme visuelle devient manifeste.
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Il glisse ensuite sur le calendrier de 2026, pour continuer vers la photo du couple qui se séduit.
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Cela le conduit tout naturellement à l’extrémité gauche, sur la signature masquée qui reprend à elle seule toute la symbolique du tableau.
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Finalement, le regard revient sur la mouche posée sur le calendrier, détail qui agit comme un “point d’arrêt”: le réel surgit alors dans l’illusion.
Lecture symbolique de la construction:
Mise en abyme de la représentation
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La composition joue sur plusieurs niveaux de réalité picturale :
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Le tableau (réel)
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Le panneau de bois peint (illusion)
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Les papiers et photos agrafés (illusions dans l’illusion).
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Ce dispositif conduit le spectateur à une réflexion sur la nature même de la peinture et de la perception.
Le regard piégé
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Tout, dans la construction, vise à tromper l’œil : perspective, ombre, matière, texture.
Et plus le spectateur croit à la réalité du tableau, plus il comprend qu’il est manipulé, exactement comme dans le carnaval, où le masque attire pour mieux dissimuler.