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Article paru dans Dessins et Peintures

François SPREUX, plus vrai que nature

 

 

 

François SPREUX aime la nature. Plutôt normal pour un prof de sciences de la vie et de la terre. Mais il s’adonne également à sa passion à travers la peinture, notamment la peinture animalière « hyperréaliste ». Pour Dessins & Peintures, il parle à cœur ouvert de son goût du détail et de sa recherche de différence.

Lorsqu’on dit de ses peintures qu’elles ressemblent à des photos, François SPREUX ne se laisse pas démonter.
« On peut voir sur un tableau de Van Eyck ou Memling beaucoup plus de choses que sur une photo. La peinture peut rendre l’épaisseur et la douceur d’un plumage, la photo ne le peut pas… De plus, sur une toile, on compose une scène qui est presque impossible à observer dans la réalité. Un chat observant une guêpe qui vole autour de lui, par exemple… Le peintre fait ce qu’il veut avec la réalité. »

Né en 1955 dans le Nord de la France, amoureux depuis toujours de la nature et du dessin, il hésite entre les études d’art et la biologie. Il choisit cette dernière, histoire de s’assurer une certaine stabilité. Mais il dessine depuis toujours.
« Amoureux de la nature, je me suis orienté vers la biologie après le bac, tout en gardant le dessin comme loisir. À l’époque, j’étais subjugué par les surréalistes comme Magritte, Labisse, Delvaux. C’est à cette époque que j’ai tenté de faire quelques gouaches à la manière de Magritte. J’abordais timidement la couleur, mais je restais dans les marrons et les bleus. »
Il faut dire que François SPREUX souffre de daltonisme. Un handicap qu’il mettra longtemps à surmonter, se contentant pendant des années de dessiner en noir et blanc. Petit à petit, il se risque à la couleur et choisit la peinture animalière. « pour sortir du lot ». Il participe à quelques salons. En 1986, il obtient la médaille d’argent du Salon des Artistes français, le prix du Club des Amis de l’Europe et des Arts et le prix Taylor.
A l’époque, il pratique l’huile. Et puis, il découvre l’acrylique : « Là, tout changea ; plus de long temps de séchage pour les glacis, mais la nécessité d’apprendre à travailler autrement. »
Et aussi l’apprentissage de la couleur. « Aujourd’hui encore, je fais des mélanges en sachant que j’obtiens par exemple du vert, mais je le vois souvent marron »
 

Dépasser la photographie.
Très vite, il doit faire face au scepticisme de certains vis-à-vis de la peinture animalière : « Dans les salons parisiens, le peintre animalier n’est pas considéré comme un peintre à part entière. Je me suis donc décidé à ne plus peindre l’animal pour l’animal, mais à l’intégrer dans un paysage qui pourrait se suffire à lui-même. »
Une galerie lui demande d’exposer, le succès est au rendez-vous, mais François SPREUX s’interroge.
« Jusqu’à présent, j’avais peint pour mon plaisir et là, je devais peindre pour répondre à des commandes. Cela m’était impossible à réaliser. Au fil des mois, les tableaux se firent de plus en plus rares. Et l’envie de peindre des animaux disparut. Je fis à cette époque plus de trompe-l’œil. En fait, les trompe-l’œil et la peinture animalière se rejoignent car j’ai toujours voulu atteindre la maximum de précision dans les détails, dépasser la photographie. Un trompe-l’œil semble réel et j’aimerais aujourd’hui faire des « trompe l’œil » avec mes animaux, arriver à ce que l’on se demande si le poil est véritable ou non… »
 

Rendre le coup de pinceau invisible.
François SPREUX est autodidacte : « Ma technique est vraiment empirique ; elle me limite parfois dans mes ambitions ; c’est là que je regrette de ne pas avoir fait d’école d’art. Je ne suis pas un peintre de terrain. Je ne dessine pas assez bien. Oui, je vais sur le terrain, mais pas avec un crayon, avec un appareil photo numérique »
La préparation de la toile est très importante.
« J’utilise de préférence des châssis de très bonne qualité avec une toile de lin. Je l’enduis de trois ou quatre couches de Gesso acrylique que je ponce avec du papier de verre 00.
On m’a toujours dit « pas de bon tableau sans un bon dessin » et je pense que c’est vrai. Le départ est donc toujours la recherche d’un bon sujet. Quel qu’il soit, il faut le composer. Je ne dessine jamais directement sur la toile mais sur un calque posé sur le tableau. Ensuite, je décalque le dessin sur la toile.
Au début, je commençais toujours par peindre mon sujet préféré, c'est-à-dire l’animal ; je me retrouvais donc avec un animal sur un fond blanc et je me demandais ce que je pourrais bien mettre autour. Aujourd’hui, je procède différemment : je commence toujours par le décor, d’abord à la brosse, par grosses touches, pour mettre en place les zones de lumières, puis avec les pinceaux fins, pour les détails. Et je termine en installant l’animal. Je termine souvent par les yeux, c’est à cet instant que la scène prend vie »
François SPREUX utilise des pinceaux aquarelle : ils sont à la fois gros, ce qui permet de retenir la peinture, et leur pointe fine est idéale pour les détails.
« Une fois le tableau terminé, je le couvre avec une brosse large de deux ou trois couches de medium brillant acrylique dilué dans l’eau. Cela rend les teintes plus vives, les noirs profonds. Au final, on obtient un tableau très lisse, avec peu de coups de pinceaux visibles ».
 

La biologie comme école de peinture.
Quand on lui demande s’il a suivi des cours, la réponse fuse : « jamais, jamais, jamais »
Il reconnaît l’apport de sa formation en biologie animale : « Les études m’ont aidé dans la connaissance des animaux, on apprend à les observer ».
Son école, ce fut d’observer les grands peintres dans les expositions et de les copier.
Après avoir arrêté de peindre pendant dix ans, François SPREUX s’est remis aux pinceaux. Avec un sujet inépuisable ; les chats : « J’aime leur part de mystère ; leur expression me touche ».
Aujourd’hui, François SPREUX s’est installé dans la campagne normande. Une autre source d’inspiration inépuisable pour qui aime les oiseaux.
Son ambition ?
« J’aimerais faire ce que les autres ne font pas. Une peinture « hyperréaliste », mais différente des autres. »
 

Andrée MAENNEL

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